Pêche

Le brochet
ce batailleur sous-estimé!

Le réputé pêcheur et animateur de l’émission de télé Passion Plein Air, Raymond Carignan posant avec un brochet trophée!

Texte et photos
Vanessa Roussin
Au Québec, l’une des espèces les plus connues est sans équivoque le grand brochet. Lors d’une discussion de pêche, plusieurs personnes vont mentionner avoir fait la capture d’un brochet sans même savoir comment pêcher. Effectivement, la réputation du brochet pour être agressif et peu sélectif sur ses proies, le précède. Ce grand prédateur offre des combats vigoureux et du plaisir garanti. Il est un poisson important et en tant que grand carnassier il contrôle la chaîne alimentaire et joue un rôle contre les espèces envahissantes.
Un mal-aimé
Il faut réapprendre à considérer cette espèce et l’ancienne mentalité de dénigrer le brochet parce qu’il mange tout est révolue. D’ailleurs, cette mauvaise réputation est totalement fausse. Pour ma part, je considère que le brochet est un poisson très agréable à pêcher et je pratique la remise à l’eau dans la majorité des cas. Je garde un brochet uniquement s’il est blessé mortellement lors du combat. Et sachez qu’un brochet capturé en eau fraîche est aussi bon à consommer qu’un doré avec un goût légèrement plus prononcé. Sa mise en filets comporte plus d’étapes car le brochet possède deux séries d’arrêtes. La procédure doit être étudiée avec précision pour ne pas perdre de chaire par manque d’expérience.
Un événement intéressant
Cette année, je me suis beaucoup consacrée à la pêche au brochet et au maskinongé. J’ai même eu l’occasion de participer à un tournoi fort palpitant. En effet, lors de l’ouverture de la saison du brochet au printemps vers le début du mois de mai, l’organisme Muskies Canada chapitre de Montréal a organisé un tournoi de pêche au brochet virtuel en zone 8. Il s’agissait de capturer le plus gros brochet et l’inscrire en le mesurant sur une règle officielle du tournoi sur l’application fishdonkey. La période après fraie est beaucoup plus difficile, ce qui complique le jeu et exige une grande expérience et un peu de chance afin de réussir à bien se classer. Ce tournoi a été un évènement exceptionnel pour moi et j’ai dû travailler très fort pour capturer des brochets en eau froide. Je compte bien me reprendre l’année prochaine en souhaitant que tous mes efforts de prospection porteront leurs fruits.
Les brochets et leurs particularités
Le brochet fait partie de la grande famille des ésocidés. Il comprend le grand brochet, le brochet maillé, le brochet vermiculé, le brochet d’Amérique et très rarement le brochet hybride. Nous ne tiendrons pas compte du brochet d’Amérique et du brochet vermiculé pour éviter la confusion. Leur population est très limitée également.
Le grand brochet
C’est le plus gros et le plus abondant des brochets. Il peut atteindre des tailles impressionnantes et un poids de plus de 20 kg (44 lb). On le reconnait par sa coloration d’un vert foncé ou verdâtre et des petites tâches jaunâtres pâles irrégulières sur ses flancs. Ses nageoires sont rouge-orangé et comportent des rayures plus foncées.

L’auteure et son conjoint avec un grand brochet de belle taille.
Le brochet maillé
Le brochet maillé est le 2e plus populeux. Il est de plus petite taille et peut atteindre environ 5 kg (11 lb). On l’identifie par la couleur verdâtre pâle de sa peau, ainsi que par des marques jaunâtres irrégulières en forme de maillons de chaîne.

Un brochet maillé se reconnaît par sa couleur jaunâtre en forme de maillons de chaîne.
Le brochet hybride
Le brochet hybride tant qu’à lui est unique, il résulte d’un croisement entre le brochet maillé et le grand brochet. Il est le poisson à capturer. Sa couleur varie du vert bouteille, comme le maskinongé, au jaune. Ses flancs présentent, sur toute sa longueur, des points et des lignes uniques. Sa puissante queue est en forme de V de couleur plutôt rougeâtre. Le brochet hybride a assimilé le meilleur baguage de ses deux parents. Il est bien présent uniquement où les deux espèces cohabitent.

Le brochet hybride comporte une robe parsemée de points et de lignes.
On vous a inclus une chronique vidéo pour mieux assimiler les différences entre les espèces de brochets, bon visionnement.
Clip vidéo permettant de bien distinguer les différences entre les différents brochets.
On retrouve le brochet dans la plupart des lacs et rivières au Québec. Les brochets aiment se dissimuler afin de surprendre leurs proies. On peut en capturer près des zones herbeuses des pointes d’îles, dans les baies tapissées de lits de nénuphars ou autres végétations aquatiques. Il est primordial de cibler aussi les embouchures de rivières ou gros ruisseaux, les regroupements d’îles avec espaces herbeux et les zones plus profondes avec courant surtout en journée venteuse. Les brochets s’alimentent principalement le jour à toute heure.

Le brochet aime bien se mettre à l’affût dans la végétation pour guetter ses proies.
Les brochets sont des carnivores et ils peuvent posséder jusqu’à 500 dents. Lorsqu’ils saisissent une proie, ils libèrent une hormone anticoagulante qui l’affaiblit grandement. Vous devez faire très attention lorsque vous les manipulez pour ne pas vous couper avec leurs rangées de dents palatines. Ils se nourrissent principalement de poissons (perchaude, meuniers, carpe, corégone, cisco, crapets et autres), grenouilles, souris, cannetons et autres animaux qui peuvent tomber dans l’eau. Il arrive même que les brochets se mangent entre eux. Vous comprendrez que son tempérament est agressif et peu sélectif. Leurs attaques sont foudroyantes et le combat est dynamique surtout lorsqu’il approche de l’embarcation.

Le combat du brochet est toujours intense et particulièrement lorsqu’il approche de l’embarcation.
Comme mentionné précédemment, les brochets sont nécessaires dans l’équilibre de la biodiversité de la faune aquatique car ils contrôlent en partie le nombre d’espèces indésirables. Grâce à leur énorme gueule, les brochets peuvent dévorer des proies plus grosses que tous les autres poissons. Ils attaquent souvent une victime qui représente le tiers, voir la moitié de leur masse. Ils préfèrent une grosse proie que plusieurs petites. Quitte à ne manger qu’un seul repas par semaine, raison pourquoi les gros spécimens sont parfois difficiles à déjouer.
Leurres, équipement et techniques
Afin de faire de belles captures de brochet, il ne faut pas avoir peur d’utiliser de gros leurres bruyants et vibrants, pouvant même être dotés de billes avec action erratique. Ne pas oublier aussi que lorsque vous ciblez des spécimens de grande taille il faut utiliser de gros leurres adaptés à votre équipement de pêche.

Pour prendre de gros brochet, il ne faut pas avoir peur d’utiliser de gros leurres…
Une canne à lancer lourd rigide à action rapide est idéale. Lorsque vous ferrez le brochet, ramenez en moulinant à une vitesse constante et en gardant la ligne haute sous tension. Ne donnez pas de mou à votre adversaire. Préalablement, vous devez effectuer un test pour vous assurer que votre frein sur votre moulinet est bien ajusté. Pour vous aider, voici une liste de leurres efficaces pour capturer de beaux spécimens de brochet :
La pêche au brochet n’est généralement pas très ardue. Par contre, des conditions climatiques venteuses et froides abaisseront vos chances de le déjouer. Dans ce cas, optez pour un leurre bruyant, odoriférant ou réfléchissant. Il faut réveiller les brochets amorphes en eau plus froide. Vous devez concentrer vos choix de leurre en vous basant sur l’action et la grosseur plutôt que sa couleur.
De plus, vous devez idéalement ajouter à votre montage un bas de ligne comme celui en titane de VMC qui est très discret et résistant pour les poissons trophées. Les brochets sont vigoureux et leurs mâchoires peuvent couper facilement vos lignes, surtout le fil tressé.
Les deux meilleures techniques pour capturer le brochet sont la pêche au lancer avec un lancer lourd et un Shudderring Bait ou une cuillère ondulante ou tournante et la pêche à la traine avec un leurre de plastique souple ou un poisson nageur. Lorsque vous effectuez vos lancers, moulinez plus lentement avec des variantes saccadées ou erratiques. Ne quittez pas votre leurre des yeux car le brochet peut le suivre et l’attaquer à tout moment. Il est naturel de ferrer fermement lors de l’attaque, mais souvent le brochet se ferre lui-même. Et si vous manquez votre ferrage tenez-vous prêt, car il reviendra souvent mordre votre leurre pour vous offrir une deuxième chance.

Si vous manquez une attaque lorsque vous pêchez au lancer, demeurez prêt, car vous pourriez bien obtenir une deuxième chance.
Au niveau de la pêche à la traîne, pompez votre canne de temps en temps pour stimuler un brochet qui aurait tendance à suivre votre leurre et à l’observer. La vitesse idéale pour la pêche à la traîne est entre 5 et 8 km/h (3 et 5 mph). Lorsque l’eau est froide, vous diminuez jusqu’à 2,5 km/h (1,5 mph). Cette vitesse est la plus basse recommandée pour cette espèce.

En condition normale il est conseillé de traîner nos leurres rapidement derrière l’embarcation et de pomper la canne régulièrement.
En espérant avoir capté votre attention sur la pêche au brochet. Ces petits conseils simples vous aideront à prendre des brochets trophées et à vous amuser à la pêche. Il est tellement divertissant de combattre ce batailleur. Il faut se rappeler de faire de bonnes remises à l’eau et essayer de décrocher le poisson lorsqu’il est encore dans l’épuisette à l’eau afin d’empêcher les blessures.

Le brochet est un poisson sportif de premier plan qui mérite d’être gracié de manière responsable pour augmenter ses chances de survie.